Ce morceau, c’est avant tout une histoire de famille, une famille de musiciens illustres. Maria Bethânia, la sœur qui interprète. À la composition, son frère, Caetano Veloso, ainsi que Gilberto Gil, frère artistique avec lequel les deux ont tant collaboré.
Les trois viennent du même coin, « da Bahia » comme disent les brésiliens (littéralement « de la baie »), dans le Nord-Est de l’immense territoire auriverde, autour de la belle Salvador où l’histoire moderne brésilienne commença à l’époque coloniale. Bahia est un des berceaux de l’afro-brésilianité et si parmi nos trois artistes, un seul la porte sur sa peau, les deux autres, Caetano et Maria nous rappellent que l’héritage afro-brésilien fait partie intégrante de la très métissée culture nationale.
Iansã, qui donne son titre au morceau, est une orisha, c’est-à-dire une divinité afro-brésilienne des cultes du candomblé et de l’umbanda, dont la pratique, très musicale, est toujours d’actualité au Brésil avec près de 600 000 adeptes. Iansã, que l’on retrouve dans la santeria cubaine sous le nom de Oya, est issue des traditions religieuses Yorubas, un peuple d’Afrique de l’Ouest (essentiellement présent dans l’actuel Nigéria et ses pays voisins) que les colons traitèrent comme de la marchandise lors de la tragique époque esclavagiste. Parmi la douzaine d’orishas honorées au Brésil, si Iemanja (reine de la mer et déesse de la féminité) ou Oxalá (le créateur, dieu de la vie et de la pureté) ont souvent la vedette, Iansã n’est pas des moindres.
Déesse du vent, de la tempête, des éclairs, de la mort et de la renaissance, elle est fougueuse, et représente la jeunesse. Elle ouvre et clôt le cycle de la vie. Iansã est une femme libre. Libre car elle n’hésite pas à enfreindre les lois et désobéir aux règles, et également car elle est l’épouse de sept hommes. Si elle est réputée pour sa générosité (elle s’empresse toujours de partager ses pouvoirs avec les autres orishas et les humains), Iansã, à l’image de la tempête, peut-être colérique et effrayante. Agressive et intolérante, quand elle n’aime pas quelque chose, elle explose. Heureusement, ses colères sont de courte durée. Mais laissons Maria Bethania nous la présenter.
Senhora das nuvens de chumbo
Senhora do mundo dentro de mim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Senhora das chuvas de junho
Senhora de tudo dentro de mim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Eu sou um céu para as tuas tempestades
Um céu partido ao meio no meio da tarde
Eu sou um céu para as tuas tempestades
Deusa pagã dos relâmpagos
Das chuvas de todo ano
Dentro de mim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Rainha dos raios, rainha dos raios
Rainha dos raios, tempo bom, tempo ruim
Dame des nuages de plomb
Dame du monde qui vit en moi
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps
Dame des pluies de juin
Dame de tout à l’intérieur de moi
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps
Je suis un ciel pour tes orages
Un ciel fendu en deux au milieu de l’après-midi
Je suis un ciel pour tes orages
Déesse païenne des éclairs
Des pluies de chaque année
À l’intérieur de moi
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps
Reine de la foudre, reine de la foudre
Reine de la foudre, beau temps, mauvais temps