Toto la Momposina – Dos de febrero


Dans Dos de febrero, Toto la Momposina, colombienne originaire de la vallée du fleuve Magdalena, dans l’arrière-pays caribéen, nous immerge en pleine fête de la « virgen de la Candelaria », célébrée, comme le titre l’indique, chaque 2 février. Cette dénomination de la Vierge Marie -une parmi tant d’autres- est liée à son apparition à deux indigènes des îles Canaries au XIVème siècle, et fait partie des quelques « vierges noires » que compte la religion catholique. Si elle est représentée et célébrée en Espagne, Italie ou encore aux Philippines, c’est bien en Amérique Latine qu’elle a le plus conquis les foules et particulièrement en Colombie où elle est la sainte patronne de villes comme Medellin ou Carthagène. Ici, certainement quelque part dans ses terres natales, Toto la Momposina nous raconte un de ces « dos de febrero » dans un village, une de ces nuits de célébrations, religieuses mais sacrément festives. Car si du côté européen de l’Atlantique, cette association semble d’un autre temps voire carrément contradictoire, en Amérique Latine, le religieux et la fête, la vraie -arrosée et jusqu’au petit matin- sont souvent indissociables.


Noche del dos de febrero, fiesta de la Candelaria
Una ventana, un lucero y un ritmo mestizo y paria (bis)

Mira que el niño no acabe, tal muchacha que no calle,
Que todo el pueblo ya sabe, que te esta creciendo el talle y los senos no te caben en tu vestido de calle
Y los senos no te caben en tu vestido de calle.

Ay la candelaria cuando llegara(x3)
Cuando llegara (bis)

No temas muchacha ultraje, por no tener tu hijo padre, muchacha no te acobardes
Muchacha ponte coraje,
Muchacha ponte tu traje que hasta la virgen fue madre (bis)

Ay la candelaria cuando llegara (x3)
Cuando llegara (bis)

El tiempo vuela ligero y tu estaras orgulloza, de tener un cumbiambero o una negrita garboza, tendras cenizo el pelo pero seras mas hermosa
Tendras cenizo el pelo pero seras mas hermosa

Ay la candelaria cuando llegara (x3)
Cuando llegara (bis)

Nuit du 2 février, fête de la Candelaria
Une fenêtre, une étoile qui brille fort et un rythme métis et paria (bis)

Regarde, l’enfant ne s’arrête pas, cette fille qui ne se tait pas,
Tout le village sait déjà, que ta taille s’élargit et que tes seins ne rentrent plus dans ta robe du soir
Et que tes seins ne rentrent plus dans ta robe du soir.

Ay la candelaria, quand arrivera-t-elle ? (x3)
Quand cela arrivera-t-il ?  (bis)

N’aie pas peur de l’outrage jeune fille, de ne pas avoir de père pour ton fils, fille ne te dégonfle pas
Fille aie du courage,
Fille enfile donc ta tenue, pense que même la vierge fut mère (bis)

Ay la candelaria, quand arrivera-t-elle (x3)
Quand cela arrivera-t-il ? (bis)

Le temps passe à une vitesse folle, et bientôt tu seras fière d’avoir un cumbiambero ou une petite noire grâcieuse, Tu auras les cheveux cendrés mais tu seras plus belle

Ay la candelaria, quand arrivera-t-elle (x3)
Quand cela arrivera-t-il ? (bis)


Dans ce morceau, la fête religieuse est sujet mais avant tout contexte. Contexte pour une muchacha (jeune fille), surprise par une maternité précoce et en dehors de toute union, que le catholicisme tendrait à réprimer mais que Toto invite à assumer dans cette atmosphère festive, au nom même de la vierge, qui elle aussi porta un enfant en dépit de sa virginité. Comme un symbole de ce catholicisme qui pénètre profondément la société mais duquel on s’accommode au gré des aléas des trajectoires de vie. Un hymne d’affirmation féministe, mais aussi un hymne à la vie et à la beauté de la maternité au beau milieu d’un fervent traditionalisme religieux.

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